Il est de bon ton en ces temps d'insoutenable désastre écologique, d'incriminer les "riches", au mieux indifférents à la destruction en cours de Gaïa, au pire coupables de spéculer sur elle à profit. Or le problème de fond, ce n'est pas les riches, insignifiants pantins pour la plupart d'une logique obstinée, et au moins aussi ignares que les pauvres quant à ce qui en décide en leur for intérieur.
La vraie cause de tous les ravages, y compris entre classes, c'est le caractère dogmatique et aveugle de cette logique encore en vigueur. Que chacun se conduise en cohérence avec son niveau de vie et tende à le maintenir, sinon l'optimiser, relève d'une inclination spontanée qu'on aura peine à extirper du coeur de quiconque. Le "pauvre" lui aussi, s'emploie à sauver ses prérogatives, son auto personnelle, ses céréales du matin, et se saigne volontiers pour une montre connectée quand le riche fait scandale en se payant un aller-retour sur Mars.
Question de proportion... pour servir une logique similaire et si répandue. Psychologiquement, en effet les mêmes buts animent riches et pauvres ; n'étaient les moyens qui varient, on les croirait frères. Or ce sont ces moyens qui nous apparaissent manifestement, voire de façon si ostentatoire qu'ils forcent à l'occasion une réaction de rejet épidermique. Et d'aucuns de fournir à cette irritation qui leur parcourt les nerfs, la légitimité de la décence morale.
Mais les mêmes, devenus nantis, agiraient-il de façon plus écolo ou moins superficielle ? Les riches ont eux aussi des enfants pour lesquels ils veulent le meilleur. Il faut s'en prendre à la culture perverse qui nous a mis en tête, toutes classes confondues, que le meilleur se paie toujours le plus cher.