Pourquoi est-ce que je ne sais pas me poser ? Et comment y parvenir ?

Le 21/05/2021 0

Dans Crise psychique

Détente express

Des croyances limitantes

Se poser c'est accepter du vide, du surplace, du temps en arrêt. Le contrepied total de ce que la vie de tous les jours requiert: remplir l'agenda pour arriver à tout faire, être mobile sur tous les plans -mais joignable- et courir après la montre.

Notre psychisme a été en quelque sorte éduqué pour s'adapter à la vie de tous les jours. Il connaît les moyens de le faire : on remplit l'agenda, on bouge, on se dépêche. Aussi ne va-t-on pas spontanément se laisser aller à tout le contraire de ces tâches. Notre mental est en mode vigilance, aux aguets en permanence pour ne pas relâcher.

Il est donc tout à fait normal de ne pas savoir se poser. Pourtant… on en a un besoin vital alors comment faire ?

Ceux qui savent le faire ont l'air d'avoir cette disposition dans leur nature, mais bien souvent ils ont appris à le faire. En soi, ce n'est pas un problème que, pour la vie de tous les joursn on ait besoin d'"assurer", côté agenda etc. Ce qui est pernicieux, c'est qu'on croie devoir mener un train de vie trépidant ou qu'on en génère une peur du temps mort - qui porte bien son nom dans le genre flippant.

Il peut y avoir à cela plusieurs origines, propres au vécu de chacun : par exemple que dans l'enfance on ne nous ait jamais laissé souffler, et qu'on ait exigé de nous un rendement inapproprié. Une école de psychothérapie, l'analyse transactionnelle, a ainsi repéré un profil de personnes qui obéissent adultes encore à l'injonction parentale: "sois fort". Avec ce type d'endoctrinement pour ainsi dire, pas évident de voir la recherche de la détente ou du plaisir qu'il y a à se reposer autrement que comme une faiblesse, un défaut auquel on résiste de toutes ses "forces" par loyauté à ses parents. Si vous vous reconnaissez dans cette réprobation de la pause, vous pouvez travailler à vous déconditionner du schéma qui la sous-tend à votre insu, et surtout à votre détriment.

Toutefois au-delà de l'histoire de chacun, quand notre cerveau d'humain fonctionne de façon basique, c'est en mode binaire: « j'aime / j'aime pas », « c'est bon / c'est mauvais ». Et il raisonne par association d'idées, voire d'idées fixes hélas. Exemple : si la vie de tous les jours s'assimile au mouvement, alors tout arrêt s'identifie à une mort. Selon une telle logique, quand vous rechignez à vous poser, vous dîtes "non" à la mort. Enfin, votre cerveau vous fait croire que vous luttez contre la mort. En fait vous ne pouvez pas lutter contre la mort, mais bon, c'est un grand illusionniste, le cerveau avec ses grandes croyances : "si je fais ceci, alors... mais si je fais cela, alors...". Parfois il vaudrait mieux ne pas prendre pour évangile tout ce qu'il nous raconte!
 

Faites une pause

... à l'apprentissage de la détente

Comment se déprendre de telles équations qui déterminent négativement notre façon de penser la pause ? Examinons juste cette dernière association d'idées : "si la vie de tous les jours équivaut à du mouvement, alors tout arrêt expose à la mort". Qu'en est-il en vérité?

La vie d'un simple point de vue biologique, est bien mouvement, mais s'articule sur de la respiration. On a coutume de tout représenter ainsi, avec deux faces, l'une ascendante, l'autre descendante, l'une positive, l'autre négative. Ainsi la respiration, la vôtre, celle des vagues de la mer, du jour suivant la nuit, contient un temps où finit le premier mouvement pour être remplacé pour le suivant.

Voyez ce temps de faux arrêt comme un sas, un pôle neutre, un lieu de récupération, où se ramasse l'énergie pour se relancer plus vive encore. Plus vive encore! La pause vitalise, vivifie, régénère. Elle est tout le contraire de la mort. Ce n'est pas un état passif, c'est un travail silencieusement actif, une dynamique cellulaire, une réparation nécessaire pour tout votre organisme.

D'ailleurs si vous vous en privez, vous vous exposez à un sur-régime, voire à, comme on dit communément, péter un câble. Et alors c'est... l'arrêt forcé. Certaines personnes se trouvent mises en demeure de s’arrêter par la force des choses car un drame survient pour les obliger à se mettre en pause: un accident, une maladie, un burn-out, quelque chose qu'elles subissent les arrête, choisit pour elles. Responsabilisez-vous plutôt : posez-vous.

Comment, puisque la pause vous déplaît voire vous insupporte ? En vous demandant un effort modéré et de la bienveillance d'abord car cela n'ira pas tout seul. Peut-être aussi de la discipline car il vous faut installer des automatismes que vous n'avez pas, rappelez-vous. Le confinement a pu être l’opportunité d’une pause vivifiante pour beaucoup qui en ont volontiers profité. Vous, vous êtes peut-être équipé avec options sportives, pas en deux-chevaux pépère sur la nationale 7, donc tenez-en compte. Donc oubliez la séance miracle qui en vingt minutes réglera des années de conditionnement à rejeter la détente tel un vampire auquel on présente un crucifix. Ménagez vos résistances. Allez-y doucement. Vous ne savez pas nager alors on commence par le petit bain.

Et si on essayait ?

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