Jamais devant ni après ton enfant tu ne t'énerveras. Réserve ta fureur contre Pythagore et ses lascars : vous êtes, toi et ta progéniture pris en otage par des millénaires de vénération éhontée et dont il n'est pas exclu qu'on démythifie un beau jour l'enthousiasme très excessif, suite à un metoo tardif (bon, très tardif, on va pas revenir sur ces histoires assez dérangeantes de prescription hasardeuse).
Jamais d'ignorer la formule chimique du manganèse tu ne culpabiliseras, ni de quelque autre symbole atomique ni de quoi que ce soit qui se rapproche de près ou de loin d'un énoncé du genre (Ba,H2O)2M n5O10.
L'humilité ainsi tu cultiveras, en abandonnant aux faibles d'estime de soi et autres premiers de la classe, les secrets obscurs d'anciens alchimistes en passe de toute façon d'être dépassés par l'IA de Google.
Toujours tu définiras de saines priorités pour ton enfant et toi-même en vous interdisant de travailler le vendredi soir, pour pouvoir regarder Khô-Lanta ( ça fait 25 ans et trois grossesses que tu le suis, c'est pas un Covid aux allures de vainqueur qui va changer ça).
De remplacer à toi tout seul la crèche tu renonceras, en te concentrant sur une tâche à la fois car tu n'as pas comme Shiva six ... x bras.
La couche tu changeras, très exactement comme tu sais faire, et sans besoin de youtube pour ça ( fais-toi confiance, bon sang de bois).
Tu ne mentiras point, donc tu diras très clairement à la reprise des cours, si reprise il y a, quel piètre suppléant tu as été à cette fière figure sans égale qui honore ta République, j'ai nommé, le professeur des écoles.
Tu ne jalouseras point les petits copains qui ont vu dans les années 90 grandir tes filleuls et neveux sans rien vouloir savoir de leur bulletin de notes et qui les encourageaient à imiter leur signature de recalé au CP.
A de justes desseins tu consacreras ton énergie de parent comme : savoir la nuit distinguer la poésie des constellations de jeunes satellites imposteurs, raconter pour la quarantième fois au petit dernier l'histoire de Blanche-Neige, réussir la mousse au chocolat, faire rire maman que son ordi vient de lâcher en pleine visioconf avec son boss, étendre la lessive des chaussettes par paire - défi qui aurait ruiné Hercule.
Et après tout ça, une fois les écoles et crèches rouvertes, toi-même libéré mi-mai, tu iras trinquer à ta fierté de père ou de mère comblé(e) en terrasse. Si si, c'est promis. Quoi? on peut rêver. Ah! oui, ça aussi, très important :
D'espérer jamais tu ne cesseras. L'avenir est ce que tu en feras. Du coup, veux-tu bien jeter cet écran où me lire et courir reprendre cette leçon de vélo sans petites roues, on t'attend; et quand le moment sera venu, ce sera pour... aller s'éclater aussi dehors.