Le problème n'est pas tant que les gouvernements avancent à tâtons, la situation étant inédite. On se doute bien qu'il n'existe aucun mode d'emploi disponible pour un chaos tel que celui que nous vivons à cause du coronavirus. Et bien malin qui donnerait des leçons au politique en matière sanitaire sans être expert, d'autant que chaque contexte gouvernemental est unique, alors comment dire qui a raison ? Les résultats pourront être parlants sur la durée.
Ce qui frappe mon attention, c'est néanmoins la très grande variation qu'on peut observer entre les choix retenus ici ou là face au même défi. Ainsi si vous vous rendez à Hong-Kong ou en Chine, vous devrez respecter des consignes extrêmement contraignantes. L'isolement vis-à-vis du reste du monde infecté y est encore largement préconisé, au risque de conséquences évidentes qu'assument ces pays asiatiques. Cependant l'expérience exceptionnelle qui a valu de confiner 4, 5 milliards d'humains au printemps 2020 n'est sans doute pas réitérable pour des motifs économiques. En admettant qu'elle soit retentée, serait-elle décisive pour parvenir à éradiquer le virus ?
En France, un des pays en provenance desquels Hong-Kong refuse les voyageurs, on tient bon pour ne pas reconfiner et les frontières ne sont pas fermées ; intra muros, les enfants vont encore à l'école et la vie économique continue avec un peu plus de télé-travail, pendant que les hôpitaux croulent sous les nouveaux cas de Covid. Il est vrai que plus de 77% des Français sont vaccinés contre 62% des Hongkongais. Or, avec presque 90% d'habitants vaccinés, la Chine n'hésite pas à mettre en ce moment la population en quarantaine, ainsi à Anyang, une ville comptant pas moins de 5 millions d'habitants, ni à confiner jusqu'à 13 millions de personnes comme à Xi'an. Il est significatif que la stratégie chinoise "Zéro Covid" ait néanmoins tant de mal à faire ses preuves : on en vient à se demander si le monde entier devra se résoudre à vivre avec le virus.
Si c'est le cas, un nouveau défi se posera à l'humanité : celui de l'adaptation de milliards de personnes à un mode de vie - ou de survie- où le contact est le plus possible réduit. Voilà qui relève d'un impensé - sinon d'un impensable- dans notre histoire. Heureusement l'incertitude qui règne par les mêmes temps qui courent invite à raison ainsi qu'espoir garder.