Surtension sous les masques

Le 08/11/2020 0

Dans Crise sociale

... J'apprends que des gens s'insultent dans les lieux publics entre pro- et anti-masques. Que certains en viennent aux mains. Récemment un conducteur de bus a ainsi subi la violence d'usagers refusant de se plier aux consignes gouvernementales concernant la distanciation sociale.

Surtension sous les masques

De manière générale, et quel qu'en soit le motif, un climat de tension s'accentue à mesure que la crise sanitaire dure.
Qu'y a-t-il derrière ces comportements hostiles dans nos sociétés dites policées ? Et que faire de cette agressivité, latente, quand elle n'explose pas publiquement ?

 

Bas les masques et autres filtres

Que se passe-t-il ? C'est comme si soudain les filtres habituels qui évitent qu'on dise tout ce qu'on pense ou qu'on s'autorise à manquer de civisme etc., n'effectuaient plus leur travail de censure. Et sans doute n'est-ce pas anodin que ce phénomène de transgression ait lieu alors que l'une des poméliques en question concerne l'efficacité des masques à filtrer l'air qu'on respire. Loin de moi la prétention de trancher sur le débat précis qui sous-tend ces altercations, savoir s'il est opportun de porter un masque contre la prolifération du coronavirus en l'occurrence. C'est à la forme que je m'intéresse ici, l'intensité avec laquelle une émotion explose à la faveur de tels désaccords.

Décodons la motivation profonde qui se cache derrière nos réflexes agressifs et autres démonstrations de force : elle est étroitement liée à un sentiment de peur et à de la frustration. Le premier replie parfois sur des conduites égocentriques, la seconde peut encourager des passages à l'acte violent.

Comme nous ne sommes pas au bout de nos peines, confinés jusqu' à nouvel ordre, que faire ?

Avertis, prenons les devants : relaxation, extériorisation des émotions, dialogue, exutoire sportif ou artistique, tout sera bon pour apaiser le climat dans la mesure du possible. Témoin néanmoins d'une perte de contrôle chez l'autre, on peut aller vers lui avec un peu d'empathie et de compassion, faire des choix avisés dans les mots qu'on emploie ; quant à soi-même, si on se sent débordé, on peut tenter d'expliquer à l'autre qu'on est en difficulté, demander de l'aide. Et puis s'excuser après un débordement émotionnel qui a pu blesser autrui, si on en est conscient, cela ne fera pas de mal non plus. Demander de telles excuses, si on est celui qui a été blessé, est tout aussi légitime.

Voilà qui requiert de la vigilance, de la lucidité et une sincère intention de se prendre en charge.

 

L'occasion de se frotter aux subtilités de l'introspection d'une part et de la communication d'autre part.

Décidément, c'est le mot d'ordre de cette crise sanitaire : prenons soin de nous.

Gardons bien à l'esprit que, embarqués dans la même galère de la crise sanitaire actuelle, nous mettons tous nos psychismes à rude épreuve pour élaborer en permanence des stratégies face aux facteurs extérieurs de déséquilibre ou pire, de dislocation.

Autant ne pas se voiler la face, et se rendre prévisibles les uns aux autres... sans avancer masqué pour le coup : il risque d'y avoir de la surtension entre ces animaux muselés que sont les humains confinés. Un "sain" quoiqu'éprouvant rappel à l'ordre quant au défi qui nous est posé à échelle planétaire en termes de vivre ensemble et de cohésion sociale à l'heure de l'effondrement.

 

société violence masque

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