J'apprends que l'agriculteur Paul François, intoxiqué par un pesticide de Monsanto, remporte son combat judiciaire contre la multinationale.
Rappel des faits
En 2004, Paul François, un céréalier des Charentes, est intoxiqué par un pesticide, exhalé d'une cuve lors de son épandage. Monsanto, spécialisée dans les biothechonologies agricoles, lui a fourni ce désherbant dangereux mais encore autorisé à l'époque en France.
Mise en cause, la firme dispose de puissants moyens pour se défendre quand la justice s'empare de cette affaire, tandis que Paul François, atteint depuis de troubles neurologiques, manque de ressources financières pour mener son combat. Néanmoins, grâce à la persévérance de la victime, la responsabilité de Monsanto est enfin reconnue au printemps 2019 par la cour d'appel lyonnaise.
Aussitôt, Bayer vient au secours de sa multinationale, en saisissant la Cour de cassation. Un pourvoir rejeté ce mercredi 21 octobre 2020, date historique d'une décision judiciaire qui fera désormais jurisprudence.
Donc c'est possible
Certes, il aura fallu à la victime des reins solides pour obtenir gain de cause : 13 ans de détermination en démarches juridiques d'un coût faramineux. Mais la leçon est riche, et le résultat encourageant à plus d'un titre. Une telle réussite rappelle en effet que :
la société civile peut confronter un géant de l'agrochimie, car les droits de la victime ne sont pas une fable.
la justice peut être rendue, car de sincères volontés actives s'y emploient.
les histoires peuvent avoir un happy end, même à l'heure de l'effondrement.
Trois raisons d'une part de relativiser le négativisme ambiant, complotiste ou catastrophiste, qui hisse les gros voyous au rang de privilégiés invincibles et attise un sentiment d'impuissance rageuse dans l'opinion publique.
Trois raisons qui invitent d'autre part à croire en tous les autres combats de tous les petits David du monde contre l'arrogance criminelle de Goliath invaincus - pour l'instant.