A quel stade de l'effondrement en est-on ?

Le 09/01/2021 0

Dans Crise systémique

Un effondrement systémique comprend plusieurs étapes.

Il ruine la cohésion sociale ou les institutions politiques, précipite une nation dans la récession économique, prend la forme d'un krach financier... Où en sommes-nous ?

quand tout s'effondre

Comment évaluer les stades d'un risque systémique ?

A quoi reconnaît-on un effondrement systémique ?

L'effondrement de l'ex-Urss a été observé par un ingénieur, Dmitri Orlov, qui en a dégagé 5 caractéristiques précises : quand tout s'effondre, c'est aussi bien

1. l'économie,

2. que la politique,

3. que l'ordre social,

4. que la finance

5. ou le ciment culturel qui nous lâchent.

Certes, l'ordre théorisé par l'écrivain d'après son expérience historique donnée peut connaître des variantes et les étapes s'inverser ou se chevaucher. Nous devons par ailleurs y intégrer deux données nouvelles, d'abord celle du climat, dont le dérèglement précipite notre effondrement environnemental et tout récemment, la crise énergétique qui nous frappe.


 

 

 

Toute proportion gardée avec le vécu qui servait de base aux analyses d'Orlov dans son livre "Les 5 stades de l'effondrement", nous avons franchi des seuils cruciaux :

On a frôlé en pleine pandémie des ruptures de stock commercial, réalisant combien notre économie mondialisée nous fragilise. Une vulnérabilité mise tout récemment à nouveau en évidence, concernant cette fois notre approvisionnement en gaz suite aux dernières sanctions votées par l'Union européenne contre la Russie. La crise énergétique éclate à l'automne  2022.

La montée du populisme, voire du fascisme, domine les actualités électorales. En janvier 2021, le Capitole américain a été l'objet d'un coup d'éclat sinon d'Etat, pris d'assaut par des manifestants : un événement symbolique s'il en est de la crise démocratique en cours.

Des émeutes enflamment nos sociétés enclines au rejet de l'autre, galvanisées par un individualisme pulsionnel. Autant de tensions attisées par leur clivage dû à des inégalités économiques croissantes tandis que les placements bancaires rapportent de moins en moins aux petits épargnants.

En février de cette année, une crise entre la Russie et l'Ukraine s'aggrave en une guerre d'une portée géopolitique redoutable.

 

Quel bilan dresser en 2022 ?

L'économique, le social, le politique, la finance, la sécurité. Et voilà nos 5 "cases" théoriques relevées par Dmitri Orlov lors de l'effondrement historique qu'il a analysé tout près d'être cochées en pratique.

Encore faut-il leur ajouter les pôles énergétique et climatique en ce qui concerne notre actualité.

Cela dit, avant de conclure que tout va pour autant s'effondrer, il convient de considérer selon moi les trois éléments déterminants encore nécessaires pour provoquer un effondrement systémique :

1.le facteur temps (la durée où s'enlise chaque crise donnée)

2.le facteur domino (l'inextricabilité des crises)

3.le facteur humain (l'impuissance des acteurs).

effet domino

Qu'y a-til à comprendre et qu'est-il permis d'espérer ?

Plus un individu fuit une réalité, plus elle lui revient en force. La même chose se produit à échelle collective. D'où l'avalanche de catastrophes et d'impasses qui désespèrent les humains en lutte tout azimut.

A croire que la civilisation qui dicte nos repères sociétaux et culturels actuels se trouve poursuivie par son ombre. Tant qu'elle refuse de s'y confronter, la leçon se durcit et revêt diverses manifestations. Aussi est-ce dans la violence que lui est asséné le même message implacable : regarde-toi telle que tu es, accepte-le. Fût-ce pour te voir défaillante, monstrueuse et lâche. En même temps rappelle-toi de quel talent tu es capable, apprécie les deux faces de ton ambivalente réalité, la gratifiante comme la honteuse.

La sagesse extrême-orientale exhorte le méditant à intégrer les immondices. C'est ce que nous avons à faire désormais : intégrer ce que nous excluons de l'humain alors que cela même le constitue intrinsèquement. Ou, comme insistait Freud: rappellons-nous enfin qu'il y a aussi en nous Thanatos. Mais notre époque semble ignorer quoi faire du mal qu'elle génère, et nier d'abord la propension naturelle au mal dont l'humanité est dotée tout autant que la pulsion de vie.

 

Avisé d'un danger, chacun peut dépasser ses limites. Encore faut-il entendre l'avertissement. Sans doute peut-on compter sur quelque discernement à ce sujet chez nos semblables, sans raisonnablement prétendre que seules des prises de conscience suffisent à enrayer un processus déjà lancé.

Reste l'équilibre général auquel concourt toute énergie en acte. Notre civilisation affaiblie, d'une façon ou d'une autre et surtout qu'elle le veuille ou non, sera rattrapée par ce qui la ronge. Ce qu'on ignore, c'est à quel prix s'accomplira ce destin prévisible.

Que sait-on alors ? Deux choses sont sures :

1.L'étape suivante constitue un défi, celui de l'intégration par l'humanité de l'Inhumain qu'elle a renié en elle.

2. On ne rencontre jamais que les épreuves qu'on peut surmonter.

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