Le 16/10/2020
... Je découvre dans la presse les mesures détaillées du couvre-feu décidé par le président Macron.
De quoi s'interroger sur ce que l'instauration du couvre-feu partiel dans 9 agglomérations, soit 103 communes françaises tout de même, va bouleverser dans nos quotidiens dès ce samedi. Je pense au personnel hospitalier qui rentrera tard dans des rames de tram vides, au silence des rues éclairées pour personne, de vaines enseignes de restauration éclaboussant le bitume sans passant pour y imprimer des volutes éphémères en se glissant, pressé ou flâneur invétéré dès que le soleil se couche, entre leurs entrelacs colorés.
Paris sans amoureux sous les portes cochères, aux bouches de métro muettes, et dont les modernes réverbères réfléchissent la triste vacuité.
Attention avec ces éloignements répétés qui raréfient la rencontre, le toucher, l'abandon. En sortira-t-on plus fou et plus avide de l'autre ou plus indifférent, le désir anémié, après une solitude résignée ?
Sur fond de mesure sanitaire qui se respecte, de débâcle économique qui se profile, l'humanité privée de soirées sociales inventera ses façons nouvelles, dont je suis curieuse, de vivre le lien. Et je veux croire qu'inscrite dans nos gènes, irrévocable et créative, une telle fibre ne se satisfera pas du format optique et de la très plate plastique des écrans numériques.
Quoiqu'il en soit, gardons un oeil de veilleur sur nos heures sombres à venir.
C'est la nuit que l'âme d'une ville s'appauvrit.