Comment comprendre la crise actuelle concernant l'énergie ?
Le destin prend des détours inattendus. D'après la théorie de l'effondrement la plus répandue, il fallait s'attendre à manquer d'énergies fossiles à plus ou moins long terme. Néanmoins les scénarii imaginés évoquaient une raréfaction endogène en quelque sorte au marché : on allait voir l'offre baisser. La raison majeure, pour aller vite, de ce phénomène prévisible tenait au fait qu'on choisirait de ne plus financer des extractions non seulement de plus en plus onéreuses, parce que plus profondes et complexes techniquement, mais surtout de moins en moins rentables. D'où les appels répétés de toutes parts, jusqu'à larsonner en alarme d'urgence, au génie technologique pour inventer à temps des moyens de produire qui ne dépendent plus de réserves de pétrole ou de charbon. Mais l'échéance d'une telle transition a toujours été reportée à plus tard, par souci d'accorder le primat au profit économique dans une logique court-termiste. Voilà qu'un concours de circonstance met à mal cette tranquille incurie alors que planait une menace évidente.
De tels choix en effet négligaient les intentions pourtant explicites d'un président russe sur l'échiquier mondial : on se croyait sur des rails, et un empêcheur de tourner en rond déboule comme un chien dans un jeu de quilles pour précipiter la pénurie. C'est, au mois de février dernier, la crise russo-ukrainienne qui se transforme en guerre aux implications et ramifications mondialisées. Par stratégie, Vladimir Poutine ferme le robinet du gaz à nombre de pays qui dépendaient de ce 2è exportateur mondial (telle la Finlande à 97, 6%). Si la France peut quant à elle escompter s'approvisionner chez le partenaire algérien, il reste qu'une politique de sobriété est désormais de mise. Ce qui la motive est l'objectif de pour pouvoir s'adapter à la conjoncture sans trop la subir mais on ne reviendra sans doute pas en arrière. Désormais la crise énergétique rejoint la longue liste des crises qui nous frappent, après l'économique, la démocratique ou l'écologique. L'effondrement qui a commencé gagne en expansion sous les coups de butoir de la géopolitique.