"Iel" entre dans le dictionnaire

Le 21/11/2021 0

Dans Chroniques d'un effondrement

En prenant mon café, j'apprends que le pronom "Iel" entre dans le dictionnaire "Petit Robert".

Quelques pistes de réflexion -sans trancher ?- à propos de cet événement qui fait polémique.

Iel entre dans le Petit Robert

On aura vite fait de réduire « Iel » à une réforme de mauvais genre. Qu’il suffise d’y voir en boutade la résurgence d’une fascination pour le sexe des anges. (Quoi ? tout n’est-il donc pas dit depuis ce vieux débat sur… Gabriel, Zachariel, et autres Ezéchiel ? Euh !). Or l’énoncé inédit est d’une actualité, à plus d’un titre, significative :

Iel. Ou l'indétermination comme horizon de l'identité ? Est-ce tout ce qu'on a désormais à proposer au sujet ? Depuis toujours un joyeux bordel règne entre féminin et masculin, auréolant d’un sensible mystère eunuques égyptiens ou castrats du lyrique XVIIIè. Un mot suffit à faire danser en pas de deux les opposés. On dit déjà « une île » et « un l », entre autres chassés-croisés.  Avec « iel », quoi de nouveau sous l’arc-en-ciel ?

Iel. Désignation redondante tandis que l’être dans sa complexité psycho-somatique demeure irréductible aux réformes désespérées de le conjuguer à quelque forme que ce soit d'une prétentieuse littérature. Pourquoi rajouter à la longue liste d’approximations ?

En l’occurrence fallait-il figer à jamais dans le marbre ce qui se refuse à trancher et lui fabriquer une case sur mesure pour qu’il acceptât de rentrer dans le rang ? L’individu qui se définit en dehors de tout champ sexué avait pour lui les étendues indomptées d’une identité psychique affranchie de la biologie. Que ne volait-il libre encore de toute entrave culturelle, plutôt que de se prendre les pieds dans ce qui aurait avantageusement composé une licence poétique digne du street art ? Que n’échappait-il résolument, en franc insaisissable, aux lieux communs et à l’administration lexicale ?

Iel un pur produit culturel

Iel. Cri oxymorique de l'indivis dualiste en mal de communauté où, enfin, se fondre ?

Iel. Quand le pronom personnel réclame un statut si élargi qu'il empiète sur son cousin indéfini. La belle ambition ! Quoi ? ne désigner plus "personne", par rejet d'un certain dualisme genré ? Que veut-"on" vraiment là ? Disparaître pour évanouir son encombrante spécificité ou la rebattre avec fracas aux oreilles qu'on écorche? L'un revient hélas à l'autre.

Rien n'a en effet changé depuis l'avertissement spinoziste : "omnis determinatio est negatio".
Iel. Fallacieux instrument linguistique, servant une entreprise de négation au nom de la diversité en affichant son in-différence ?


 

Iel. Vanité en somme de la proposition neutre comme seule sortie du binaire.

Son mérite est de dénoncer l’impasse où se vautre le couple maudit dominant/dominé ; son écueil, un nihilisme vindicatif qui se griserait de la garantie du non-choix, n’était l’impératif langagier : énoncer, c’est s’engager.

Car il n'y a pas, n’importe comment qu’on l’écrive, il faut y e.aller.

Comment donc ? Avec simplicité, sans doute, plutôt que simplification : l'alternative, qui précède « iel » et le (ou faut-il dire « la » ?) dépasse, est, depuis que le verbe est verbe et le sujet pensant, toute dans le « Je suis ».

pour une sortie du binaire

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