Si j'aimais bien, moi, me concentrer pour composer mes numéros sur un cadran rotatif, en m'exaspérant du temps que ça prend, surtout quand on s'est trompé et qu'il faut tout recommencer avec ta soeur qui trépigne derrière toi parce qu'elle attend son tour pour appeler Jean-Luc de la 3èA ? Si ça m'amusait de tournicoter le fil torsadé du téléphone autour de mes doigts tout en bavardant nonchalamment, avec des moues de starlette qui a Delon au bout du fil ? Si je trouvais ça formidable de pouvoir écouter la conversation en cours, rien qu'en décrochant le petit écouteur boudiné, prévu à l'intention des curieux ?
Enfin si je tenais à l'objet lui-même, indissociable du séjour standard des années 70/80 au point qu'on lui consacrait une place sur le guéridon, à côté du calepin et du botin, et qu'on lui érigeait dehors, aux coins de rue, des cabines publiques respectant la vie privée, assez vastes pour trois, les petits sur les épaules des plus grands, montant des canulars au boucher du quartier, et ceintes de vitres incassables où dessiner des coeurs brisés ?