Au moment de lui tourner résolument le dos, pour que vienne plutôt me le frotter, de ses multiples jets puissants, la colonne d'une douche, il me prend l'envie de rendre un hommage ému à la volupté régressive de la toilette en baignoire. Planque bien tentante, il faut dire, quand tout autour brûle à feu et à sang par temps de guerre.
La salle-de-bains est justement en travaux à la maison. Et pas que la mienne apparemment : tout l'édifice euro-atlantique est-il en train de se fissurer et prendre l'eau ?
A ma modeste échelle domestique, l'idée est de substituer la vigueur de la douche, fût-elle fraîche, à la torpeur alanguie du bain. Vivement les petits carreaux doux sous le pied nu, le micro-tourbillon d'eau mousseuse aspiré sous la mosaïque à l'italienne ; vivement surtout, la verticalité de la posture !
Parce qu'on ne peut pas éternellement vivre couché, toute une philosophie de vie recèle le choix de la douche.
Serait-il, à échelle collective aussi, plus que temps de se grandir un peu sous le ciel exigent de la maturité ?