Comment gérer l'éco-anxiété ? Partie 3.

Entreprendre de gérer ce trouble sans précédent requérait d'interroger son impact en termes de verticalité ( du point de vue de l'espèce), d'horizontalité ( en rapport avec ce qui nous entoure ), de réflexivité ( selon chacun) . Nous voilà parvenus au 3è et dernier volet de notre étude. Que faire de la souffrance éco-anxieuse ?

 

 

Par quoi commencer ?

Souffrir ici est légitime et fondé. Pourquoi ? On ne vient pas de se retourner un ongle, c’est rien moins que notre survie qui est en jeu. On est généralement saisi d’abord par de la sidération, ce qui est normal en état de choc cf le chapitre où j'examine les moyens thérapeutiques d'en sortir dans mon livre. Viennent aussi diverses peurs terrifiantes, dont celle de manquer et une insécurité archaïque. "Quand tout s'effondre" détaille le processus approprié qui permet de s'en soulager méthodiquement. Il ne faut pas craindre ce déferlement d’émotions. Pour autant, seule la démesure du ressenti doit inquiéter, ainsi que l’impulsion de passages à l’acte dangereux. Soyez attentif à tout ce qui prend des allures excessives : comportement, raisonnement et pas seulement l’émotion négative. Un bon travail sur soi requiert de s’intéresser à ces trois pôles. A ces conditions, aller mieux est possible, ce n’est pas une attente irréaliste. Voilà ce qui va se passer : on a pris un coup sur la tête et on s’en remettra.

Pour y parvenir, le mieux est de se demander d’accepter ce qu’on ressent. Là où on en est, affolé, en colère, sanglotant ou sonné, peu importe, tout est bien. On a le droit. Et ça ne va pas durer éternellement puisqu’on s’en occupe comme il faut. Alors qu’est-ce, s’en occuper comme il faut ? Comprenez ce que cela signifie pour vous, toutes ces nouvelles à propos de la biodiversité en péril, des espèces qui s’éteignent, de la pollution des terres et de l’eau, des catastrophes climatiques etc. Pourquoi cela vous touche-t-il ? Qui en vous encaisse les infos avec autant de violence ? L’annulation de demain ou la révision drastique de vos conditions de vie au quotidien, quelles conséquences précises y voyez-vous ? Qu’est-ce que vous avez à y perdre, vous ? Il va falloir regarder tous ces détails en face pour répondre à chacun de vos défis personnels. Après  avoir considéré votre appartenance à l’espèce humaine puis votre connexion avec tout le vivant, il s’agit maintenant de se recentrer sur vous, vos projets, votre parcours, votre histoire à vous.

Petit travail d'introspection

Quelques exemples

Une fois dégagés clairement vos besoins, vous pourrez vous proposer de tâcher de les satisfaire. Identifiez-vous par exemple une incapacité à affronter le danger, c’est l’indice que vous devez travailler à devenir endurant, à faire émerger une qualité enfouie voire reniée en vous, le courage face à l’adversité.

Il n’est pas insensé de prétendre devenir ce que vous ne croyez pas être, il n’est pas impossible de sauter le pas dont vous vous croyez incapable.

Toute limite est d’abord dans votre tête. Et peut être dépassée.

Identifiez-vous plutôt une peur de ne pouvoir sauver vos proches, accablé par l’ampleur de la tâche, dans ce cas développez une façon de les aimer qui convoque moins le sauveur en vous que celui qui sait donner dans sa pure et entière présence un appui inconditionnel en cas d’inconsolable terreur.

J’ai décrit cet état intérieur dans ce qui m’est arrivé au chapitre consacré à la peur dans « Quand tout s’effondre », cela ne me demandait vraiment aucun effort surhumain.

Les choix évidents coulent de source, il n’y a qu’à se laisser porter.

Identifiez-vous un besoin irrépressible de vous agripper à votre train de vie en consommant et polluant plus que jamais, respectez le frustré en vous qui retient désespérément ce qui lui échappe ; il ne sait pas faire autrement pour l’instant alors entamez un travail de deuil sans délai : plus vous le laisserez s’illusionner dans un idéal d’abondance illimité, plus le contraste au moment du manque à venir lui sera insoutenable. Surtout qu’il y a une facette de vous qui s’en passerait très bien, de ce train de vie. L’ignorez-vous ? Il est temps de la considérer. Elle n’aspire qu’à l’essentiel. C’est-à-dire ?

et on repart ! pour eux.

Ah! le rappel à l'essentiel ! Et si toute cette éco-anxiété vous avait mené là, à ce point de vous-même, clair et buté comme un enfant en vous qui s’acharne à vous réveiller de la torpeur qui fait que vous passez à côté de votre vie ?

Quoiqu'il en soit, l’introspection est la clé si vous souffrez. Pour une raison simple, c’est que l’éco-anxiété ne se développe pas ex nihilo mais sur le terreau de votre histoire. Ainsi elle se nourrira de votre hypersensibilité ou de votre tempérament déjà inquiet, elle fournira un prétexte à un sentiment de faute envers votre communauté, indépendant de l’actualité écologique, ou encore permettra à un besoin de changer de vie de se manifester en toute légitimité etc.

On aura beau vous lister des recettes toutes faites pour soigner votre trouble, la voie la plus sûre est de comprendre ce qu’elle vient vous raconter sur vous en particulier. Observez-vous donc en train de vous effondrer, sans vous lâcher la main un instant. Vous êtes la personne la mieux placée pour vous secourir.

Si la charge est insoutenable néanmoins, ne vous imposez pas de souffrir atrocement ; un ami bien choisi, un parent bienveillant, un professionnel expérimenté peuvent vous apporter l’altérité qui vous manque pour vous reposer un peu de vous-même.

Le temps de souffler, avant de repartir équipé. Dehors, on vous attend. La vie vous requiert.

Retrouvez les 2 autres volets de notre dossier consacré à la gestion del'éco-anxiété

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