Covid.Quand le provisoire dure.

Plus d'un an après les premiers cas de Covid 19, la pandémie joue toujours avec nos nerfs.

De vague en vague, de confinement en couvre-feu, comment tenir nerveusement quand le provisoire dure ?

un tunnel sans fin

Le provisoire qui dure, un défi psychique

Notre psychisme est naturellement équipé pour faire face à l'imprévu, dans certaines limites néanmoins. Au-delà, il faut cultiver par soi-même des ressources hors-normes. C'est le cas actuellement, alors que nombre de gouvernements s'enlisent dans une gestion âpre de la crise sanitaire. En France, les consignes restrictives se suivent et, si elles ne se ressemblent pas toujours, une même impression de déjà-vu dans l'opinion publique inspire çà et là lassitude et découragement. Les dépressifs connaissent bien ce sentiment d'être coincé dans un tunnel au bout duquel ne brille aucune lumière. C'est d'ailleurs une des caractéristiques de cette pathologie, ne plus pouvoir envisager d'avenir serein, qui en entraîne une autre, tout aussi redoutable, l'inhibition passive.

Alors que faire, une fois identifié cet état d'esprit au fond de soi ? Si on ne peut pas compter sur l'extérieur pour nourrir quelque espoir de s'en sortir, si aucune perspective ne nous est fournie par ceux qui s'emploient à gérer la pandémie actuelle, en termes d'échéance exacte ou de stratégie fiable à 100%, voyons comment chacun peut procéder pour sauvegarder son équilibre mental.

D'abord, comprendre ce qui se passe : quand un changement structurel survient, nos repères ne sont plus opérationnels et des instances psychiques prennent le relai pour notre sauvegarde mentale.

 

En l'occurrence, il a fallu s'adapter au risque de contagion ambiant, et de ce fait à des consignes radicalement inédites tels le port du masque et la distanciation sociale, et puis à vivre confiné, à respecter des horaires de sortie diurne, de couvre-feu, un périmètre circonscrit de déplacement, ou encore organiser un télétravail, et une cohabitation avec les enfants que les crèches et écoles n'accueillaient plus, etc. Pourquoi y est-on parvenus globalement la première fois, au printemps 2020 ?

Parce que notre psychisme est doté de moyens considérables en termes d'adaptabilité. Et ça marche tant que deux conditions se maintiennent : que l'effort a du sens, et qu'il est temporaire. Quand le provisoire dure au contraire, la donne change. Les conditions de vie particulière qu'on avait acceptées grosso modo prennent une charge nouvelle : l'incertitude nous gagne.

C'est une chose, d'une part, négocier avec soi-même une privation fixée et limitée dans le temps, c'en est une autre se demander ad libitum d'encaisser la frustration. Les enfants à la maison comme en vacances, ou le télétravail sans les compensations de la pause-café entre collègues, le manque des amis et de la famille ou la peur de la contamination au drive du coin, ça va un moment, mais comment le vivre au quotidien jusqu'à nouvel ordre ?

 

Deux conseils pour garder le moral

D'autre part, c'est une chose savoir que le sacrifice auquel on consent contribue à une libération proche, c'en est une autre naviguer à vue avec le sentiment d'écoper en vain, avec non pas la terre ferme comme horizon mais le flou total. Voilà pourquoi nous ne sommes pas du tout dans le même état d'esprit en janvier 2022 qu'en avril 2020. L'éternisation des mesures gouvernementales, les rapports épidémiologiques en dent de scie, la hantise médiatisée de énièmes vagues, le fait que les bébés soient maintenant infectés, alimentent le doute, remettent de la peur, là où a pu s'installer en premier lieu une confiance relative dans nos stratégies collectives de contrôle. D'où un sentiment grandissant d'incompréhension qui peut désinvestir le politique estimé défaillant, tout en livrant à lui-même un quidam impuissant face à l'ampleur du danger sanitaire, entretemps doublé d'une menace économique. Pas de lendemains qui chantent en vue a priori donc. Alors, quoi! tout ça pour ça ?!

Il faut ainsi compter désormais avec l'usure de dispositions psychiques qui résistent mal à l'épreuve de la durée et de l'aggravation de la crise.

Face à ces 2 grosses résistances bien légitimes, qui vont tout nous faire voir en noir, comment garder le moral ?

1.  A propos de ce qui nous fustre : On s'était jusque là demandé de patienter. Maintenant, on va s'en passer. Des gens très bien sur l'Himalaya cultivent l'impermanence, pas de problème, on s'y met aussi. Après tout, ce travail pragmatique sur soi occupera utilement nos dimanches sans fin.

2. Impossible de se fier à d'éventuels plans sur la comète ? Qu'à cela ne tienne, on va assimiler ce qu'est l'incertitude. Certes, un défi de taille dans notre culture qui la fuit sous toutes ses formes. Vive la plasticité neuronale ! On a de la marge pour progresser. C'est parti! Haut les coeurs! 

L'idée n'est pas de refaire jaillir artificiellement la lumière au bout du tunnel, de se la faire miroiter. C'est de considérer le tunnel pour ce qu'il est, une vue de l'esprit qui étriquait notre vie.

 

 

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