En l'occurrence, il a fallu s'adapter au risque de contagion ambiant, et de ce fait à des consignes radicalement inédites tels le port du masque et la distanciation sociale, et puis à vivre confiné, à respecter des horaires de sortie diurne, de couvre-feu, un périmètre circonscrit de déplacement, ou encore organiser un télétravail, et une cohabitation avec les enfants que les crèches et écoles n'accueillaient plus, etc. Pourquoi y est-on parvenus globalement la première fois, au printemps 2020 ?
Parce que notre psychisme est doté de moyens considérables en termes d'adaptabilité. Et ça marche tant que deux conditions se maintiennent : que l'effort a du sens, et qu'il est temporaire. Quand le provisoire dure au contraire, la donne change. Les conditions de vie particulière qu'on avait acceptées grosso modo prennent une charge nouvelle : l'incertitude nous gagne.
C'est une chose, d'une part, négocier avec soi-même une privation fixée et limitée dans le temps, c'en est une autre se demander ad libitum d'encaisser la frustration. Les enfants à la maison comme en vacances, ou le télétravail sans les compensations de la pause-café entre collègues, le manque des amis et de la famille ou la peur de la contamination au drive du coin, ça va un moment, mais comment le vivre au quotidien jusqu'à nouvel ordre ?