Faut-il croire les collapsologues ?

Rien de bien nouveau sous le "soleil vert " *?

Les collapsologues répétent en urgence un appel aux consciences que leurs aînés économistes, décroissants et climatologues n'ont pas réussi à obtenir depuis les années 1970, et dont certains penseurs avisés comme Ghünter Anders pressentaient plus tôt encore la terrible nécessité. Notre actualité désatreuse leur donne raison plus que jamais.

Mais jusqu'où croire en la collapsologie ?

croire ou savoir

* film d'anticipation (1973) décrivant une humanité ayant dilapidé ses ressources naturelles.

Notre entendement aime réduire ses objets à de petites choses prévisibles , sagement reproductibles en laboratoire et maniables facilement. Ainsi, ce n'est pas parce que le réchauffement climatique ou des crises sociales de tout ordre frappent sévèrement la planète que la collapsologie a raison. C'est une évidence : collapsologie ou pas, le climat subit un dérèglement considérable et ne l'a pas attendue. Pour le reste, il faudrait confronter des études sociologiques, un état des lieux de notre santé démocratique, etc. de sorte à articuler une analyse systémique des crises de notre monde en mutation et le discours théorique de la collapsologie. Encore obtiendrait-on un ensemble structuré de raisonnements, bien éloigné de l'insaisissable jaillissement de la vie.

C'est que deux démarches se distinguent en fait ici : l'une relève d'un discours de type scientifique, élabore des théories et conclut à la fin du monde. L'autre concerne un processus naturel à échelle écosystémique, dont la logique n'est en rien réductible à une équation rationnelle, même si parfois des lois physiques, pour certaines intelligibles en ce qui concerne le climat, en déterminent la dynamique. En d'autres termes, ce que la planète a vivre, ce qu'il va advenir aussi de l'élan vital en nous, qu'aucun esprit humain n'est parvenu à dompter, aucun esprit humain n'est non plus en mesure de l'affirmer. Actuellement, et souvent, tout ce qu'on peut dire c'est qu'on observe un alignement entre le discours collapsologique et les comportements du règne naturel : ça s'effondre. Rien ne garantit que cela dure, ni s'étende. Raisonner c'est construire un objet mental.

pot de fleur

 

 

 

Pendant que la science formule des hypothèses, la vie a toujours raison.

La vie se trouve ailleurs, évolue en dehors de ces productions psychiques et sans commune mesure avec elles. Je parle bien de productions psychiques et pas seulement de constructions élaborées par un mental en toute conscience.

Même la science à ce titre n'échappe pas au destin du récit qu'elle véhicule, en tant que marqueur d'une époque pétri de l'affect qui la traverse fût-ce sourdement.

Conclusion : restons, ou mettons-nous à l'écoute de la vie. A s'éloigner de la chair des choses, le penseur s'agrippe à une fiction qu'il voudrait voir s'animer et devenir vivante. Par ailleurs les théories passent, et là est encore le propre de la science, par où elle se distingue notamment de la philosophie. Aussi les faits seuls requièrent notre vigilante attention. Gardons-nous de leur faire dire ce qui pourrait bien dans notre for intérieur, contre toute attente et pour un motif obscur, nous arranger.

Ajouter un commentaire

Anti-spam